samedi 17 décembre 2011

Carte d'électeur

En première contribution, j'ai souhaité vous proposer un article de Chloé Leprince et Olivier Emond pour l'émission Carte d'électeur de France Info : "Les nouveaux centristes sont moins catholiques mais toujours anticommunistes". J'ai choisi cet article car il s'agit en réalité du recueil des réactions de Julien Fretel à une entrevue que j'ai eu il y a bientôt une semaine avec Chloé Leprince.



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Julien Fretel, professeur en science politique et spécialiste du centre, décrypte la nouvelle sociologie des électeurs centristes à la lumière du témoignage de Maxime, 19 ans, qui a rejoint le MoDem à Lyon en 2010.

Jusqu'à son arrivée à Lyon il y a dix-huit mois, Maxime n'étant pas encore clairement affilié, politiquement. Issu d'une famille de gauche, fils de commerçants athés, il suivait la politique parce qu'il voulait suivre un cursus de relations internationales, mais hormis un intérêt pour Barak Obama et le souci des questions scolaires, il ne se serait pas présenté comme militant. 
Toutes ces années comme délégué de classe durant toute sa scolarité auraient donc fini par germer ? Aujourd'hui, Maxime milite, il a pris sa carte au MoDem en 2010. A l'époque, il venait d'entrer en fac de droit et science politique à Lyon, il prenait son envol, et s'affranchissait du giron familial. Sa nouvelle famille politique sera donc centriste. La droite, Maxime l'a exclue très vite, parce que trop dure, trop sécuritaire, trop clivante. L'étudiant ajoute aussi que les Jeunes pop sont "sûrement" ceux avec qui il a le plus de peine à débattre, sur les réseaux sociaux comme IRL ("dans la vraie vie").
Il a aussi fait l'impasse sur la gauche, obsédée par les questions de personnes, les combats entre courrants. Une certaine proximité avec le Front de gauche, aussi : Maxime ne comprend pas que des électeurs socialistes puissent crier au loup quand la droite s'allie au FN alors que le PS n'a jamais cillé à l'idée de faire venir au gouvernement des élus communistes. Aujourd'hui, Front de gauche et Front national lui semblent tout aussi "infréquentables".

Professeur de science politique à Amiens et spécialiste du centre, Julien Fretel était invité sur le plateau de Carte d'électeur. Il a retrouvé dans cet extrait du témoignage de Maxime une constante de l'électorat centriste. Pour lui, l'anticommunisme a toujours charpenté le corpus idéologique au centre. Et continue de peser. (Regardez le décryptage de son témoignage par Julien Fretel)



Pourtant, Maxime se distingue par plusieurs aspects de l'électorat chrétien-démocrate qui faisaient autrefois la clientèle électorale de l'UDF. Il est athé, dit que la religion n'impacte pas son vote. Si on insiste même si ça le crispe de devoir se positionner, il finit par dire qu'il pencherait même plutôt à gauche. Très présent sur les réseaux sociaux, plutôt articulé autour d'une fibre sociale, plus jeune aussi que les militants traditionnels de l'UDF, Maxime est emblématique du renouvellement de l'électorat MoDem. 
Auteur d'une thèse sur l'UDF, Julien Fretel a distingué sur le plateau de Carte d'électeur une série de critères qui permettent d'affirmer que la socilogie centriste a mué. L'universitaire indique par exemple qu'il rencontre de nombreux sympathisants issus de l'immigration, qui voient dans Bayrou le fils de paysan une alternative entre l'UMP et son débat sur l'identité nationale ("Une bonne idée à la base, nauséabonde au final", d'après Maxime). 
Autre nouveauté : un grand nombre de militants du logiciel libre, raconte encore Julien Fretel. De fait, Maxime est très friand de nouvelles technologies, très présent, aussi, sur le Net, où il tient un blog et débat sur des sites d'actualité. (Retrouvez la suite du décryptage de son témoignage par Julien Fretel)


En 2007, François Bayrou n'avait donné aucune consigne de vote. Entre les deux tours, il s'était contenté d'annoncer qu'il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy. Puis silence, longtemps. C'est beaucoup plus tard qu'il racontera avoir finalement voté blanc au second tour. D'après les sondeurs 20% de ses six millions d'électeurs auraient fait de même. Le reste se répartissant, à proportions équivalentes, entre les bulletins Royal et Sarkozy. 
Maxime, lui, ne se positionne pas encore dans l'hypothèse d'un second tour Hollande-Sarkozy. Il veut croire aux chances de son mentor. Mentor qui a d'ailleurs aujourd'hui un leadership plus affirmé que par le passé au centre, explique Julien Fretel. (Regardez ce que Julien Fretel dit du rôle qu'occupe aujourd'hui François Bayrou).


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